Trois cent soixante-quatre (364) prisonniers graciés et ?élargis, pas un seul détenu politique donc certains sont même souffrants et à l’article de la mort. Ce n’est pas une fiction, mais la triste réalité. Cela s’est passé au Togo le 31 octobre. Entre les détenus de droits commun, petits délinquants, criminels et ses opposants politiques, Faure Gnassingbé a fait son choix et envoie un message.
C’est la joie chez beaucoup de prisonniers et leurs familles depuis le lundi 31 octobre dernier. Pour cause, une remise de peine à eux accordée par le Chef de l’Etat, usant de ses prérogatives constitutionnelles. Cette grâce présidentielle fait suite à un rapport du Garde des Sceaux, ministre de la Justice et de la Législation, Pius Agbetomey et de son collègue de la Sécurité et de la Protection civile, Général Damehame Yark et à un avis du Conseil supérieur de la magistrature.
Il s’agit d’une remise de peine pour 364 prisonniers détenus dans douze (12) prisons du Togo: six (6) de la prison civile de Dapaong, dix-sept (17) à Mango, un (01) à la prison de Kanté, vingt-deux (22) à Kara, treize (13) à Bassar, vingt-huit (28) pensionnaires de la prison civile de Sokodé, quarante-deux (42) à Atakpame, trente-huit (38) à Kpalimé, vingt (20) à Notsè, vingt- huit (28) à la prison de Vogan, trente-trois (33) à Aného et cent quatorze (114) à la prison civile de Lomé.
Selon les informations, les bénéficiaires sont exclusivement des détenus de droit commun qui auraient déjà purgé une bonne partie de leurs peines. Cette mesure aura le mérite de désengorger un tant soit peu les prisons du Togo et spécialement celle de Lomé réputée pour sa surpopulation et ses conditions indécentes d’incarcération. 65% des détenus, nous revient-il, sont en détention préventive dans l’attente de leur jugement. Il arrive que beaucoup purgent leurs peines sans avoir été jugés.
Pas un seul détenu politique élargi
Ils sont encore une bonne centaine dans les prisons du Togo pour des raisons politiques dans plusieurs affaires. Les plus récents sont l’ancien ministre Djimon Oré qui a été arrêté et jeté en prison en avril 2021 pour ses propros et prises de positions politiques et l’activiste de la Dynamique Mgr Kpodzro Jean-Paul Oumolou. Tous les deux paient engagements dans l’opposition.
Dans le dossier Kpatcha Gnassingbé qui a de très fortes senteurs politiques même si on parle de tentative d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, il reste au moins trois (03) détenus en prison dont le plus célèbre est l’ancien ministre de la Défense et député de la Kozah Kpatcha Gnassingbé. Casimir Dontema serait incarcéré à la prison civile de Sokodé tandis que le Cdt Abi Atti serait à Atakpamé.
Ils sont très nombreux, les militants et sympathisants du Parti national panafricain (PNP) à croupir en prison, payant simplement le culot (sic) de leur
patron Tikpi Atchadam qui, à travers des manifestations publiques massives en 2017, avait failli faire tomber le pouvoir en place. Certains dans l’affaire dite Tigre Révolution, d’autres dans de petits autres dossiers. Les militants de cette formation politique constituent en tout cas le plus gros lot des détenus politiques au Togo.
Dieu sait que l’ancien Premier ministre Agbeyomé Kodjo compterait parmi les prisonniers politiques s’il n’avait pas pris ses jambes à son cou… . Faure Gnassingbé n’a pas eu d’égard pour ces prisonniers politiques dans sa décision de grâce présidentielle.
Préférence aux petits délinquants…
Parmi les détenus Faure Gnassingbé
politiques, beaucoup sont souffrants en prison et même guettés par la mort. On pense notamment à l’irlando-togolais Abdel Aziz Goma arrêté le 21 décembre 2018. Il a perdu l’usage de ses jambes et son état de santé va s’alarmant. Il est souvent victime de crises nécessitant son hospitalisation. Les analyses et contre-analyses réalisées révèlent le danger qui le guette. Il a demandé à plusieurs reprises une grâce présidentielle pour une évacuation sanitaire afin d’être soigné. Des officiels irlandais ont aussi relayé ce cri d’alarme. Mais ces appels n’émeuvent guère Faure Gnassingbé.
Leila Nambea épouse Tagba, voilà un autre cas qui préoccupe. Mère de famille et allaitant un bébé de 7 mois, elle fut arrêtée le 18 décembre 2019 et jetée en prison sur fond d’accusations à dormir debout. En prison, souffrant d’hypertension, de dificultés respiratoires et de divers autres maux, sa situation est alarmante. Les appels se sont multipliés pour sa libération, en vain.
Ils sont nombreux, les prisonniers politiques à être mal en point des suites de tortures et autres traitements inhumains et dégradants subis et nécessitant une libération pour se soigner. Preuve de leur état, certains libérés rendent l’âme à peine quelques jours après leur élargissement.
Kpatcha Gnassingbé a déjà purgé plus de la moitié de sa peine et mériterait une remise du reste. C’est à vingt (20) ans de réclusion criminelle qu’il avait été condamné lors du procès en septembre 2011, avec déchéance civique et confiscation de ses biens ; il aura déjà passé treize (13) ans en prison et il ne reste de sept (07) à purger. Les demandes de grâce ont foisonné. Des bonnes volontés ont mené des médiations pour convaincre Faure Gnassingbé de libérer son frère de sang : Mgr Nicodème Barrigah, Mgr Fanoko Kpodzro, Cheffe canton de Pya, les Présidents Nana Akufo-Addo du Ghana et Ali Bongo du Gabon. En vain. Même l’aggravation de sa santé n’a pas convaincu son demi- frère de le libérer.
Les demandes de grâce de ces détenus dont la plupart sont souffrants et guettés par la mort sont restées lettres mortes. Face à la situation de ces compatriotes, un regroupement a été créé, le Comité pour la libération de tous les détenus politiques du Togo, pour exiger leur libération.
Sans succès auprès de Faure Gnassingbé resté impassible aux multiples cris de détresse. Il préfère libérer des petits délinquants, voleurs de portables, de poules et autres ,même si souvent, bien de ces détenus libérés récidivent et retournent en prison. Comme pour dire aux opposants et à tous ceux qui se mettraient au travers de son chemin qu’il sera sans pitié…